Voyage en Palestine – Mon arrivée au Camp de Réfugiés de New Askar

Suite de mon périple en Palestine après mon arrivée en Israël.

Nous sommes le jeudi 7 août 2014, je sors de l’aéroport de Tel-Aviv, avec un drôle de sentiment. J’ai été traité comme un criminel et je me sens comme un fugitif en cavale. Pourtant, je me rends dans un camp de réfugiés pour animer des activités pour les enfants… C’est un paradoxe qui me dérange et qui me laisse un goût amer.

Je monte donc dans ce que l’on appelle, un « service« , des véhicules de 7 à 10 places (voir plus), qui vous emmène, une fois celui-ci pleins de ses passagers, à destination.
J’en prends un, direction Jérusalem (je dois me rendre dans Jérusalem Est, les quartiers Arabes). A l’aéroport ça va plutôt vite, le « service » est rempli en moins d’un quart d’heure.
C’est parti pour environ 45 minutes de route jusqu’à Jérusalem.

Dans le véhicule, essentiellement des familles Juives parlant français. Je suis dans mon coin, j’écoute, ne sachant pas trop comment va se terminer cette journée (l’arrivée à Tel-Aviv refroidie vachement en fait). En effet, j’avais décidé de faire Tel-Aviv > Naplouse d’une traite. Les dialogues autour de moi sont simples, et très clichés, je me croyais un peu dans « La vérité si je mens » :

– T’es d’où en France ?
– De Paris.
– Ha… Et de quelle famille ?
– (je ne me souviens plus exactement)
– Je connais bien ! Je connais bien la famille Benamou et la famille Azoulay blablabla blablabla

En gros, leurs familles se connaissaient et étaient réputées dans la communauté.

Petit à petit le véhicule se vide de ses passagers, arrive un moment où il ne reste plus que moi et un couple, je dis au chauffeur, avec un anglais approximatif (ce que j’appelle une version Apache de l’anglais), que je souhaite me rendre à Ramallah et donc que je veux prendre le bus qui devrait se trouver au bout de « Nablus Road« . Il me laisse au même endroit que le couple et me dit que je dois marcher dans cette direction (il pointe du doigt une avenue).

Je marche quelques mètres et je me rends vite compte que je suis dans un quartier Arabe de Jérusalem, je vais pouvoir demander ma route tranquillement sans avoir de regard accusateur à chacune de mes sollicitations.

Je suis au niveau de la « Porte de Damas« , c’est beau. Je continue ma marche, je demande ma route pour trouver les bus qui vont à Ramallah, puis j’y arrive enfin (je suis assez chargé).
Je rentre dans le bus, c’est le même principe que les « services », on attend que celui-ci soit plein avant de partir. D’après mes souvenirs, c’est 11 shekels, soit environs 3€.
Et c’est parti pour Ramallah. Le bus roule et la route est rapidement bordée par le Mur, le fameux mur Israëlien qui sépare, soit disant, la Palestine d’Israël. Ce mur, me met mal à l’aise, j’ai comme un étrange sentiment, je le regarde défiler et j’ai l’impression d’être dans un autre monde ou une autre époque. De grosses tours de béton agrémentées de meurtrières parsèment le mur à intervalles plus ou moins réguliers. Ce mur gris, de 3 à 8 mètres de haut, est à la fois d’une tristesse absolue et d’une violence silencieuse. Le fil barbelé qui accompagne par moment ce monument immonde, rappelle clairement qu’il est une construction agressive. Je me suis attardé sur ce point, mais le Mur de + de 700km mérite un article pour lui tout seul, car trop peu de gens connaissent son existence, son origine, son illégitimité et sa fonction répressive. Aujourd’hui, je n’ai qu’une chose à dire, c’est que j’ai hâte de participer à sa destruction.

Je reprends mon périple, je suis dans le bus, et je longe ce maudit mur donc. Puis nous arrivons assez rapidement à ce que l’on appelle les « Checkpoints« , pour entrer ou sortir d’Israël on est obligé de les emprunter, mais je vais me rendre compte, que pour sortir direction la Cisjordanie, il n’y a quasiment pas de contrôle, à l’inverse pour entrer en Israël, les contrôles sont poussés et la file d’attente très longue, j’y reviendrai dans un prochain article. Mais pour l’heure, nous passons le « Checkpoint » sans soucis, direction Ramallah !

Nous sommes bien en Cisjordanie, l’ambiance est toute autre, les routes et les rues très animées, je me rends vite compte que l’armée Israëlienne est omniprésente en Cisjordanie, elle contrôle les routes et circule dans des sortes de jeeps blindées. J’arrive à Ramallah, au premier coup d’œil j’aime cette ambiance et la vie qui anime cette ville, je sais que j’y reviendrai au cours de mon voyage et je sais maintenant que j’y retournerai ! Inshallah ! Mais pour le moment je cherche le « service » ou le bus qui pourra m’emmener à Naplouse. Il s’avère que c’est juste à coté où l’on m’a déposé. Je monte dans une sorte de minibus, on me demande 8 shekels soit environs 2€ et je me pose, on attend que celui-ci se remplisse, c’est plus long. Mais j’ai le temps, je suis en Cisjordanie et je commence enfin à apprécier mon voyage.

Le minibus démarre, direction Naplouse. Je dois m’arrêter dans le centre, et me rendre au « Mojama » un espace de services et de taxis, dans un parking en sous-sol. Mais je dois mal le prononcer, car le chauffeur du minibus ne voit pas trop de quoi je parle, donc je lui demande simplement de m’indiquer le moment où j’arrive au centre de Naplouse. A savoir que je n’ai pas dormi depuis plus d’une trentaine d’heures, je commence à ressentir la fatigue et regrette légèrement de ne pas avoir roupillé dans l’avion.

J’arrive dans le centre de Naplouse, il doit être 10h du matin, le soleil tape déjà et la ville est grouillante de vie, les odeurs, les bruits, l’ambiance, aucun doute je suis dans une grande ville. Comme je vous l’ai dit, je suis chargé, mais ce n’est pas grave, je marche parmi les passants, je revis, Naplouse est une superbe ville et cette ambiance typique du monde Arabe me donne du baume au cœur, je ne me suis pas trompé en venant en Palestine, c’est tout ce que j’aime !

Je tourne quand même pendant une bonne demi-heure, avant de prendre l’initiative de demander où puis-je prendre un « service » direction Askar. Puis on m’indique un grand bâtiment, en fait, je suis passé 3 fois devant sans me douter que c’était là que je devais me rendre. Je descends donc au niveau -1, là où des dizaines et des dizaines de « services » attendent pour être remplis et démarrer. Des hommes chargés de combler au plus vite les véhicules et optimiser les destinations, vous guident vers la voiture la plus à même de vous emmener à destination, ça va vite, il n’y a que 4 places (ce sont des taxis normaux). Je demande direction « New Askar« , c’est 2 shekels (0.50cts). GO ! J’approche de ma destination.

Le « service » me dépose devant le Camp de réfugiés « New Askar » à moins de 10 minutes de Naplouse. Bon, reste plus qu’à trouver l’association « Keffiyeh Center« . Mais je vais vite comprendre que ça ne va pas être une mission aisée. Je fais une fois le tour du camp, je suis en sueur, mes sacs commencent à peser, point positif ça m’aide à perdre mon gras. Je demande tant bien que mal mon chemin, mais je n’arrive pas à trouver l’association, je monte, je descends, puis je remonte. Un petit homme me voyant galérer pour trouver le lieu que je cherche, s’approche et se propose de m’accompagner, malgré son âge, il souhaite absolument m’aider à porter un de mes sacs. J’arrive enfin à l’association qui est vraiment au centre du camp de réfugiés.

Je suis accueilli par Hamzeh, une personne très agréable, qui me propose de m’assoir et de poser mes affaires, ça fait du bien. Au centre se trouve aussi Ossama, un jeune garçon plein de bonne volonté.
Puis très vite arrivent des jeunes de l’association pour démarrer les activités quotidiennes, on me donne un superbe t-shirt et je rencontre Jameel, avec qui je noue de suite une très bonne conversation avec mon anglais Apache, on reste au moins 1h30 à discuter, puis d’autres membres de l’association arrivent petit à petit, dont un autre Jameel qui m’hébergera tout le long de mon voyage, ainsi que des internationaux Français qui travaillent entre autre avec Keffiyeh Center. J’ai donc fais la connaissance d’Alice, d’Eloïse et de Nicolas. Je suis rapidement mis dans le bain, je sens que ça va bien se passer.

La suite très prochainement…

Quelques photos liées à cet article :

New Askar

En bordure du Camp de Réfugiés New Askar

New Askar

Camp de Réfugiés New Askar près de Naplouse

New Askar

Dans le camp de réfugiés de New Askar

keffiyeh center

Visionnage d’une de mes vidéos à Keffiyeh Center

keffiyeh center

Photo avec une bonne partie des membres de Keffiyeh Center

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