Voyage en Palestine – Une semaine au Summer Camp de New Askar

Dernièrement je vous ai laissé avec mon article concernant mon arrivée au Camp de Réfugiés de New Askar en Palestine (Cisjordanie – Naplouse) et ma réception au sein de l’association Keffiyeh Center.

Continuons donc ce périple riche en émotions…

Ma première nuit en Palestine, ça se passe chez mon ami Jameel, qui accueille de nombreux voyageurs chez lui, des internationaux de passage ou pour du long terme, tout comme moi, qui vais passer quasiment tout mon séjour chez lui. Je n’avais pas dormi depuis plus de 48h, j’étais séché, j’ai sombré dans un sommeil profond quasi instantanément à peine posé dans le lit. Je ne me suis réveillé que le lendemain vers 11h, il n’y avait plus personne dans le logement, je me suis donc préparé vite fait, et ai rejoint les volontaires de l’association dans le local de celle-ci, au centre du camp de réfugiés.

Sur place de nombreux volontaires sont déjà là : Elias, Jameel, Ahmad, Mohammad, l’autre Jameel, Feras, Mohamed, Mahmoud, Mutaz etc…
Le local de l’association keffiyeh Center permet de préparer les animations ou les nombreux projets, mais c’est aussi et surtout un lieu de rencontres et d’échanges.
On vient y discuter, jouer, s’entrainer et regarder la T.V.(les soirs de foot « Barça / Madrid » sont épiques !).

Il faut savoir que le lendemain doit commencer ce pourquoi je suis en parti là, le Summer Camp. Un rendez-vous que beaucoup d’enfants du camp de réfugiés de New Askar attendent, car c’est une semaine d’animations et de loisirs organisée par Keffiyeh Center pendant leurs vacances scolaires (au mois d’aout).

On profite donc de cette journée pour préparer certaines des animations du lendemain, on se divise ainsi en plusieurs groupes pour se partager les enfants par âge, afin de proposer un maximum d’activités adaptées. C’est un bon échange et une bonne entrée en matière pour affiner mon anglais « Apache » et comprendre tout en se faisant comprendre.

Une bonne première journée au camp et une parfaite mise en bouche, s’ensuit une visite du camp via Elias et Ahmad, qui en profitent pour me raconter un peu leurs histoires et la vie des réfugiés à New Askar. Je suis de suite plongé dans l’ambiance du conflit, même si les habitants évitent d’en parler tout le temps, c’est omniprésent en Palestine, les impacts de balles sur les murs que je longe parlent d’eux même. Elias est un jeune homme de tout juste 16 ans et pourtant très mature. Il s’exprime parfaitement bien et maitrise l’anglais bien mieux que moi (les mauvaises langues diront que ce n’est pas très compliqué^^), comme beaucoup de jeunes du camp, il est pleins de rêves tout en restant très réaliste. Puis nous arrivons à un passage en marchant dans le camp qui lui rappelle un épisode dramatique de sa jeunesse, ça se passe vers la fin de la seconde intifada, il est très jeune, peut-être 6 ou 7 ans, il se rendait à l’école avec son meilleur ami, ce n’est pas très loin, mais il faut traverser un terrain vague jusqu’au camp d’Askar (bien plus grand que New Askar), des soldats de l’armée Israëlienne sont postés non loin de là, soudain un tir retenti, puis une fraction de seconde plus tard, son meilleur ami, du même âge, qui se rendait aussi à l’école à ses cotés, s’effondre, celui-ci n’arrivera jamais à l’école, ni ne rentrera chez lui, il ne respire plus, la maudite balle l’a tué sur le coup… Triste souvenir, malheureusement, ce n’est pas un cas isolé, chaque Palestinien a son histoire, ses morts, ses prisonniers. Le spectre de l’oppression règne en permanence. A ce moment précis, je pense à mon fils, je me projette, puis j’essaie de reprendre le dessus sur mes émotions et j’écoute ce jeune Elias continuer à m’expliquer l’histoire du camp.

Nous revenons au local de l’association, la nuit est tombée, il est temps de préparer les locaux pour l’accueil des enfants le lendemain. Cependant l’école que nous devions investir pour recevoir les enfants (plus d’une centaine d’inscrits !) ne nous a pas été autorisée. Il faut savoir que l’école, comme plusieurs services du camp sont tenus par l’UNRWA, un organisme des nations unies, qui perçoit des fonds internationaux pour apporter un soutien aux camps de réfugiés de Palestine. Hors, depuis Juillet, GAZA est en proie aux bombardements intensifs de l’armée Israëlienne (Tsahal) et l’UNRWA a tout simplement refusé de nous laisser les clés de l’établissement, invoquant justement les évènements liés à la bande de Gaza. Mohammad qui gérait ce détail pour Keffiyeh Center, avait donc moins de 24h pour trouver une solution alternative. Une centaines d’enfants comptaient sur nous. Du coup, nous nous sommes rabattu sur un local près de l’école. L’endroit était bondé de cartons de vivres, mais en quelques heures, et avec l’aide de tous les volontaires, les salles furent vidées de leurs contenus encombrants, et nettoyées ! Nous étions parés pour l’accueil des enfants le lendemain !

Le lendemain
Le Summer Camp est lancé ! Les enfants sont à l’heure et arrivent de tous le camp. La centaine de mômes est rapidement atteinte, et les activités vont pouvoir commencer. Les volontaires sont tous opérationnels et même si personne n’a jamais eu de formation dans les domaines de l’animation, l’art d’accueillir et de gérer les enfants parait innée chez eux ! Tout se passe dans les meilleures conditions, lors de cette première journée, je passe l’essentiel de mon temps à filmer et prendre des photos, les enfants s’amusent, rient et ont l’air d’apprécier ce premier jour.

A chaque fin de journée, un debriefing est assuré afin d’échanger, d’améliorer les activités, de relever ce qui allait et n’allait pas et on prépare les idées d’animations pour le lendemain.

Toute la semaine, le Summer Camp se déroulera dans des conditions excellentes, les enfants repartent ravis et chaque jour de nouveaux petits arrivent pour y participer (il me semble que l’on a atteint les 136 enfants).

Dans les activités organisées pour les enfants, on pouvait retrouver : divers jeux amusants, foot/jeux de balle, dessin/peinture, pliage, ateliers photos, boxe pour les plus grands, jeux d’eau, jeux éducatifs, théâtre, danse (Dabkah), constructions ludiques etc…

Il est à noter que lors de ma première semaine à New Askar, le camp de réfugiés a été gazé 3 soirs (apparemment c’est normal).
La première fois, j’étais dans les locaux de l’association à discuter avec Jameel et Elias, quand dans les rues du camp on entend des jeunes crier « JEWISH ! JEWISH ! » (comprendre « juifs »).
Alors Jameel me demande si je voulais assister à l’arriver des soldats ? Bien entendu !
Nous sommes donc allés sur place, et j’ai pu observer en contrebas, 3 jeeps Israëliennes avec au niveau des portes, des soldats, qui commençaient à tirer dans le camp des projectiles à base de gaz lacrymogène. En effet, les yeux commençaient à piquer, les larmes à monter et les oignons à circuler, pourtant j’étais encore très loin. Vu le nombre de Palestiniens présents pour observer la suite des évènements, j’ai de suite pensé que ça allait durer un moment. Je suis donc parti en courant chez mon hôte pour récupérer mon caméscope, j’ai fait au plus vite, et à mon retour, les choses commençaient à dégénérer, des tirs Israëliens se faisaient très réguliers. Fusées éclairantes et tirs de projectiles lacrymogènes emplissaient l’atmosphère. J’ai essayé de ne pas en perdre une goutte, prenant, d’après les dire de certains Palestiniens, un peu trop de risques, notamment au moment où je suis monté sur le toit d’un véhicule pour filmer au mieux les soldats Israëliens, me mettant à découvert et donc facilement atteignable par un tir « ennemi ». L’engagement avait pris une tournure particulière, les jeeps étaient maintenant au nombre de 6 ou 7, les Palestiniens loin de céder à la panique face à la provocation, descendent en contrebas, jeter des pierres et tentant de bloquer l’accès au camp en positionnant des carcasses de véhicules au milieu de la route qui y mène. Mettant le feu à des pneus tout en essayant de les jeter sur les positions adverses. Le duel à duré près de 2h, les soldats repartant finalement d’où ils étaient venus, la place étant récupérée par les jeunes du camp ! Un soir comme tant d’autres en Cisjordanie. Heureusement on ne déplore pas de blessé ce soir là, par contre, les grenades lacrymogènes ont été envoyées dans plusieurs rues du camp, alors que des enfants y vivent et dormaient, sachant qu’il n’y a rien pour rendre les logements hermétiques à la lacrymo, honnêtement c’est assez rageant…

Revenons maintenant au Summer Camp, Mohammad, un des responsables de cet évènement, avait lancé lors d’un debrief, l’idée d’amener les enfants à la piscine… Pour être franc, je croyais à une blague. Puis arrive le dimanche, deux cars ont été affrétés ! Nous allons partir à la piscine avec 100 enfants. En effet, à une demi-heure de route, existe au milieu de nulle part, un petit centre aquatique. Nous y avons emmené les 100 enfants, pour une journée exceptionnelle. Juste magique.

D’autres articles concernant le voyage arrivent…

En attendant, une petite vidéo présentant ce Summer Camp de 2014 :

summer camp 01

Summer Camp

summer camp 02

Summer Camp

Summer Camp

Summer Camp

Summer Camp

Summer Camp

New Askar

Soir de Gazage sur New Askar

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